Définitivement le
matériel militaire de surplus présente de nombreux avantages :
disponibilité (surplus ou à la rigueur vide-greniers), solidité,
esthétique (bon là c'est mon point de vue perso) et coûts
abordables. Bref un excellent rapport qualité/prix malgré quelques
défauts qui seront détaillés au cas par cas dans une série
d'articles sur le matos militaire.
Le premier article de
cette série concerne ce qui va protéger vos petons : les
rangers.
*Note : Le terme
rangers désigne normalement une chaussure entièrement en cuir munie
de boucles sur le bas de la jambe, on étendra ici ce terme à toute
chaussure de modèle militaire.
Historique rapide
Au début de la seconde
guerre mondiale les troupes américaines étaient encore équipés de
brodequins type I et son dérivé immédiat ,à semelle caoutchouc,
type II. Ces deux modèles souffrent d'un manque criant de fiabilité
et sont remplacés en 1943 par le type III (logique) de conception
radicalement nouvelle. Début 1944 le brodequin type III est allongé
d'une jambière à deux boucles pour donner la M43 Combat Boot. Sa
ressemblance avec les bottes de saut des paras et des chaussures des
Rangers (l'équivalent US des commandos britanniques) lui donne son
surnom de « rangers ».
A partir de 1948 les
rangers de l'US Army perdent leurs boucles au profit d'un laçage
plus haut mais le modèle a déjà été copié massivement notamment
en France sous le nom de brodequin de marche à jambière attenante
(BMJA) surnommé randjo.
BMJ 52
La première ranger
développée en France pour remplacer les bottes issues des stocks US
de l'après guerre. Elle reprend l'aspect général de la rangers US
type III et est utilisée dès 1955.
Pour avoir essayé, ces
chaussures ne sont clairement pas adaptées à la marche dès lors
que la distance dépasse les 15 kilomètres ou que se présente un
terrain trop accidenté, le cuir très épais (presque 3 mm par
endroits) nuit à la mobilité de la cheville, même après un usage
intensif et un cuir parfaitement assoupli. Mon grand-père me disait
déjà qu'en Algérie les rangers étaient délaissées au profit des
pataugas (chaussures montantes en toile), je commence à comprendre
pourquoi... Au final les miennes ne me servent plus qu'en ville pour
tous les jours.
Prix : De 15 à 25€
Poids : 2,1 kg
BMJA 52 |
BMJA 65
Le modèle qui a succédé
au BMJA 52 et encore en dotation aujourd'hui bien qu'en cours de
remplacement. Il diffère de son prédécesseur par sa couleur noire,
son cuir moins épais et un aspect granuleux. Suivant le principe des
vases communicants le gain en souplesse va cependant s'accompagner
d'une perte de solidité, la chaussure reste cependant suffisamment
solide et souple pour permettre son usage en rando. Son aspect suffisamment neutre lui permet également d'être tout à fait utilisable pour un urbain.
BMJA 65 |
Comparaison BMJA 52 et 65 |
Rangers modernes
Les nouveaux modèles
entrant en service actuellement abandonnent partiellement le cuir ne
le conservant que sur la partie basse, la tige est désormais en
synthétiques, généralement en nylon. Le gain en souplesse et en
légèreté est évident tandis que la perte des boucles permet de
gagner du temps à la mise en place. Dans le cas du modèle présenté
ici je garantis personnellement la solidité : 4 ans d'usage 3
jours par semaine pour aller en cours, toutes mes randos depuis 4 ans
(soit pas loin du millier de kilomètres), des traversée de
ruisseaux, la boue, les rochers... Bref niveau solidité c'est du
costaud. Attention cependant, ce ne sont pas à proprement parler des
rangers mais des Jungle Boots, munies d'oeillets à la base pour
évacuer l'eau elles sont conçues pour traverser régulièrement des
cours d'eau (j'ai jamais essayé, juste le mètre de flotte dans les
Catacombes de Paris, rien de plus)
Jungle Boots Bates
Prix : 40€
Poids : 1,7 kg
Jungle Boots |
Conclusion
Comme quasi tous les
équipements militaires les randjos valorisent la solidité au dépend
du poids. Ainsi, marcher avec plus d'un kilo à chaque pied (soit
deux fois plus qu'avec des chaussures de rando normales) peut être
fatigant et douloureux si le haut est trop serré chose courante avec
les rangers à boucles.
Néanmoins on trouve un
très bon maintien de cheville très protecteur en cas de chute ainsi
qu'une garantie de solidité difficilement égalable dans cette
catégorie de prix.
En conclusion, en
renonçant à un peu de confort et en passant du temps pour bien les
assouplir certains modèles de rangers se révèlent être tout à
fait adaptés à la marche sur de longues distances le tout pour un
coût imbattable.
Bonus
L'assouplissement des
rangers est une étape obligatoire, pour cela plusieurs méthodes
existent. Celle que j'ai retenu sur mes 4 paires est le graissage à
refus. Pour cela, graisser la chaussure puis placer la sous un
radiateur, regraisser la une ou deux heures plus tard, recommencer 5
ou 6 fois jusqu'à ce que la graisse ne pénètre plus. A ce moment
laisser la randjo bourrée de journaux sous le radiateur toute la
nuit pour la dilater. Après quoi il suffit de quelques jours de port
peu intensif pour finir de la mettre en forme en s'épargnant les
ampoules.